Il n’a jamais pu, jamais su percer le secret. Comme beaucoup d’autres avant lui, le doux rêve de Mormeck s’est achevé sur le sol. Sans gloire: KO au 4e round. Quatre reprises où le francais n’a touché son adversaire qu’à deux reprises, trois tout au plus. A son deuxième voyage au tapis, l’arbitre décidait de mettre fin à ce pugilat à sens unique. Il fallait bien épargner l’entêté à sa propre bravoure.
Une bière à la main, Wladimir Klitschko a le regard serein du boxeur qui a fait le métier. «Mike Tyson avait l’habitude de dire: chaque boxeur a un plan avant d’être touché.» Mormeck avait déjà écrit le sien: avancer, se jeter sur Klitschko pour combler son déficit d’allonge. Mais dès les premiers instants, il était évident qu’il n’en aurait jamais les moyens.
Le premier jab touche, Mormeck reste de marbre. Brave, mais limité, le français encaisse les flèches qui s’abattent sur lui. Les frappes sont sourdes, les 113 kilos du champion s’écrasent sur leur cible comme sur un sac. A la cloche du premier round, pas un coup du français n’a touché sa cible.
Sur son siège, Christelle ne tient pas en place. Au deuxième round, elle se lève d’un bond. Son frère vient d’encaisser une terrible droite de Klitschko, un «coup d’éclair». Dans un élan d’orgueil, il se relève. Acculé dans son coin, Mormeck survit tant bien que mal la fin du round. Il a le sourire narquois du boxeur qui est touché. Il n’avance plus, il n’en veut plus. Deux rounds plus tard, la sanction tombe et il s’écroule à nouveau. Fin des débats. Colère du public français, venu par centaines à l’Arena.
Au pied du ring, Mormeck est lucide. «Je suis pas raide, je suis pas sonné. Je suis tombé, je me suis relevé. Si tu arrêtes parce que tu penses que… Il n’y a plus de grands combats. Je sais qu’il y aura des gens qui me diront: «c’est mieux, parce qu’on t’aime». Mais je sais pas c’est de la boxe…» Un regard vers ses parents, une embrassade. Mormeck disparaît dans une Arena qui s’est vidé de dépit.
Une heure plus tard, il aura les mêmes mot devant la presse. Dans sa voix, on entend des larmes. La face est encore rougie par les coups. Mormeck a déjà perdu, déjà cédé. Mais jamais de la sorte, jamais en décevant son public, jamais sans combattre. Le défi était peut être trop grand. Au terminus des rêveurs, Mormeck est aujourd’hui bien seul.
Fin de carrière pour Mormeck ?
« J’ai envie qu’il gagne et qu’il arrête. Ca commence à faire longtemps maintenant. » Le voeu de Christelle Mormeck ne sera jamais entièrement exaucé, son frère a laissé passer sa chance. La retraite, en revanche, semble plus que jamais tendre les bras au boxeur français. « Oui, forcément, on y pense, reconnait-t-il. Je vais me reposer, partir en vacances et je prendrai les bonnes décisions. Si j’arrête, c’est pour de bon, pas pour faire des come-backs. » Gérard Teysseron, promoteur et ami, conclue: « tel que je le connais, il est capable de pas en rester là. »