A l'issue du scrutin du 17 juin, le parti socialiste détient la majorité absolue des sièges à l'Assemblée nationale, face à une droite affaiblie et à un centre explosé. La défaite de Marine Le Pen à Hénon-Beaumont n'empêche pas le Front national de faire son retour dans l'hémicycle.
Majorité absolue pour le Parti socialiste
Selon les projections, le PS et ses alliés (Radicaux et MRC de Jean-Pierre Chevénement) obtiendraient 346 sièges. Le PS seul obtiendrait 300 sièges, soit la majorité absolue pour le parti du président de la République, ce qui lui donne les moyens de mettre en oeuvre la politique pour laquelle il a été élu le 6 mai dernier.
Fait remarquable et unique au cours de la Vè République, le PS bénéficie de tous les leviers politiques du pays : exécutif, assemblée, sénat, régions, et grandes métropoles. En outre, le PS a désormais les mains libres au sein de la gauche (voir analyse à venir). Le rapport de force est inversé avec la droite en 2007, l’UMP n’ayant obtenu que 207 sièges.
Les ministres en lice
19 membres du gouvernement Ayrault étaient en lice pour le second tour.
Tous les ministres ont été réélus, y compris la ministre au handicap, Marie-Arlette Carlotti, à Marseille, qui a finalement remporté le duel serré qui l'opposait à Renaud Muselier, dauphin de Jean-Claude Gaudin, élu depuis 1993 sans discontinuer.
Le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, a été élu dans la Sarthe dans la circonscription historique de François Fillon, parti pour Paris.
Au terme de cette soirée, le gouvernement pourrait bien avoir réalisé le grand chelem en voyant confirmés tous ses membres, ce qui serait une première.
Quel sera le poids de l’UMP ?
Toujours selon les projections, le parti créé par Jacques Chirac en 2002 n’obtiendrait que 207 sièges, auxquels il faut ajouter les 15 sièges du Nouveau centre. Ce dernier parti fondé par Hervé Morin apparaît cependant plus que jamais divisé.
Ce n’est pas une déroute pour la droite. C’est toutefois sa plus lourde défaite depuis 1981.
La droite voit sortir du Palais Bourbon des figures telles que la sarkozyste Nadine Morano, la chiraquienne Michèle Alliot-Marie ou encore Hervé Novelli.
Deux enjeux désormais pour la droite : d’une part, élire le nouveau président de l’UMP à l’automne prochain, ce qui mettrait fin au duel qui oppose Jean-François Copé et François Fillon ; d’autre part éclaircir sa relation au FN.
Une victoire pour le FN
Marine Le Pen est apparue sourire aux lèvres à la tribune d’Hénin-Beaumont ce dimanche soir. « C’est un énorme succès » a-t-elle déclaré.
L’avocat Gilbert Collard et sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, ont été élus dans le Gard et le Vaucluse. C’est la première fois depuis 1986 que des députés FN entrent de nouveau à l’Assemblée. A 22 ans, l’étudiante en droit Marion Maréchal-Le Pen sera la benjamine de l’hémicycle.
Quant à la patronne du FN, elle a obtenu 49,9% des voix dans son fief du Nord. Seules 114 voix la séparent du socialiste Philippe Kemel. « Je n’ai que des raisons de me réjouir, a-t-elle avancé. L’UMP paie ses contradictions idéologiques, le centre disparaît. »
Elle a annoncé qu’elle souhaitait réunir une grande force d’alternative aux socialistes. Il semble que sa stratégie de « dédiabolisation » du parti créé par son père ait fonctionné.
Ségolène Royal vaincue
L’ancienne compagne de François Hollande a perdu face à Olivier Falorni, candidat PS dissident. Elle a fait son discours avant 20h depuis La Rochelle. Pour l’ancienne candidate à la présidence de la République, « le candidat a été élu avec le soutien de l’UMP » ; c’est « une trahison politique », a-t-elle déclaré, avant de citer Victor Hugo : « toujours la trahison trahit le traître ».
C’est la première fois que la présidente de la région Poitou-Charentes perd cette élection législative depuis 1988. Cela met fin à ses ambitions de présider l’assemblée nationale.
François Bayrou hors-jeu
Le président du Modem a été battu dans le Béarn par Nathalie Chabanne, la candidate du PS. Il se trouvait pris dans une triangulaire défavorable à sa candidature impliquant Madame Chabanne et le candidat UMP Eric Saubatte.
Il paie là sa prise de position en faveur de François Hollande au deuxième tour de la présidentielle. Ce choix qualifié de « moral » contre Nicolas Sarkozy lui a fait perdre l’unique tribune dont le candidat à la présidentielle bénéficiait à l’Assemblée.
Cela pose la question de la survie du Modem créé en 2007, et plus largement, de cet hypercentre dont il s’est fait le défenseur depuis cinq ans, au risque de faire fuir ses troupes dans le Nouveau Centre de Hervé Morin, proche de la droite.
Cela interroge aussi sur l’avenir politique de ce professeur de lettres, auteur d’un pamphlet « Abus de Pouvoir » (Plon), particulièrement critique contre l’ère Sarkozy dès 2009. « Ce choix va m’entraîner à changer la forme de mon engagement, à prendre le recul qui s’impose. La politique a besoin de valeurs, » a-t-il déclaré dimanche soir dans un discours qui ouvre pour lui sa traversée du désert.
Sera-t-il intégré dans un gouvernement élargi ? C’est peu probable dans les mois qui viennent. Il pourrait être nommé commissaire européen.
Une abstention record
A 19h, l’abstention était estimée à 44,5% selon l’institut TNS-Sofres. Au premier tour, dimanche dernier, elle était de 42,77%, ce qui était déjà massif. L'abstention est une des clés de ce scrutin, qui au-delà des duels traditionnels, a donné lieu à 34 triangulaires, dont 28 comprenant des candidats frontistes. 36 députés ont été élus au premier tour contre 109 en 2007.
En 2012, l’abstention devrait donc être de 4 points supérieure à celle de 2007.
Ce record semble lié à une fatigue démocratique. En effet, les électeurs sympathisants de gauche ont été appelés à voter six fois depuis les primaires d’octobre. Quant au peuple de droite, il semble s’être démobilisé après la défaite de Nicolas Sarkozy.
Par ailleurs, le calendrier de cette élection ne semble pas très favorable à une ruée vers les urnes. Le passage au quinquennat en 2000 a placé les législatives quelques semaines après la présidentielle, ce qui les a transformées en "troisième et quatrième tour" et semble en avoir diminué l’intérêt pour les électeurs.
Quid du reste de la gauche ?
Toujours selon les projections des instituts, EELV obtiendrait 18 sièges, ce qui lui permettrait de constituer un groupe parlementaire (le minimum pour créer un groupe est 15 députés). Ce qui est une première sous la Vè république.
Le grand perdant est le front de gauche qui n’obtient que 13 sièges contre 19 sortants. Sauf à ce que la règle permettant de constituer un groupe soit modifiée (avec un seuil abaissé) dans les jours qui viennent.
Le PS, fort de son score, n’aura pas besoin de s’allier aux verts et aux communistes pour faire voter ses réformes.
Des destins personnels dans la tourmente
Jack Lang, François Bayrou, Ségolène Royal figurent parmi les grands perdants de cette élection. Si la présidente de Poitou-Charentes a déjà annoncé qu’elle souhaitait briguer la présidence du PS, le patron du Modem a salué la victoire de deux candidats de son parti avant d’annoncer vouloir prendre du recul.
Cette élection signe la défaite de sarkozystes historiques. Ainsi Nadine Morano a-t-elle été battue en Meurthe-et-Moselle. Son interview dans Minute ou encore le piège téléphonique de Gérald Dahan ont eu raison de cette « grande gueule » du sarkozysme. Claude Guéant, ancien secrétaire général de l’Elysée et ancien ministre de l’Intérieur, a été battu à Boulogne par Thierry Solère, dissident UMP.
Nathalie Koscisuko-Morizet s’en sort sur le fil. Porte-parole de Nicolas Sarkozy pendant la campagne, auteur du « Front antinational », elle a finalement sauvé son poste, et ce malgré l’appel du FN à voter pour le candidat PS, Olivier Thomas.
Evénements de campagne
Pendant la semaine d’entre-deux-tours, trois événements ont marqué la campagne. D’abord, l’affaire du « tweet » de Valérie Trierweiler, mardi. La compagne de François Hollande a envoyé un tweet d’encouragement à Olivier Falorni, candidat dissident du PS contre Ségolène Royal, ancienne compagne du président de la République et mère de ses quatre enfants. Ce tweet a provoqué la stupeur au parti socialiste et les railleries de la droite sur le mélange public-privé et « Dallas à l’Elysée ».
Ensuite, c’est Nadine Morano qui a provoqué des remous à droite en accordant une interview au journal d’extrême-droite Minute, dans laquelle elle affirme partager des valeurs de Marine Le Pen, et en se laissant piéger par l’imitateur Gerald Dahan qu’elle a pris au téléphone pour Louis Alliot, compagnon de Madame Le Pen et cadre du FN.
Enfin, la position de l’UMP face au FN est une première. Le parti de Jean-François Copé, approuvé par tous ses cadres dont François Fillon, a préconisé le « Ni-Ni » : ni Parti socialiste ni Front national. Donc, pas de front républicain contre le parti de Marine Le Pen, une position que l’UMP devra clarifier au moment du congrès de l’automne visant à désigner le nouveau président du parti.
Majorité absolue pour le Parti socialiste
Selon les projections, le PS et ses alliés (Radicaux et MRC de Jean-Pierre Chevénement) obtiendraient 346 sièges. Le PS seul obtiendrait 300 sièges, soit la majorité absolue pour le parti du président de la République, ce qui lui donne les moyens de mettre en oeuvre la politique pour laquelle il a été élu le 6 mai dernier.
Fait remarquable et unique au cours de la Vè République, le PS bénéficie de tous les leviers politiques du pays : exécutif, assemblée, sénat, régions, et grandes métropoles. En outre, le PS a désormais les mains libres au sein de la gauche (voir analyse à venir). Le rapport de force est inversé avec la droite en 2007, l’UMP n’ayant obtenu que 207 sièges.
Les ministres en lice
19 membres du gouvernement Ayrault étaient en lice pour le second tour.
Tous les ministres ont été réélus, y compris la ministre au handicap, Marie-Arlette Carlotti, à Marseille, qui a finalement remporté le duel serré qui l'opposait à Renaud Muselier, dauphin de Jean-Claude Gaudin, élu depuis 1993 sans discontinuer.
Le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, a été élu dans la Sarthe dans la circonscription historique de François Fillon, parti pour Paris.
Au terme de cette soirée, le gouvernement pourrait bien avoir réalisé le grand chelem en voyant confirmés tous ses membres, ce qui serait une première.
Quel sera le poids de l’UMP ?
Toujours selon les projections, le parti créé par Jacques Chirac en 2002 n’obtiendrait que 207 sièges, auxquels il faut ajouter les 15 sièges du Nouveau centre. Ce dernier parti fondé par Hervé Morin apparaît cependant plus que jamais divisé.
Ce n’est pas une déroute pour la droite. C’est toutefois sa plus lourde défaite depuis 1981.
La droite voit sortir du Palais Bourbon des figures telles que la sarkozyste Nadine Morano, la chiraquienne Michèle Alliot-Marie ou encore Hervé Novelli.
Deux enjeux désormais pour la droite : d’une part, élire le nouveau président de l’UMP à l’automne prochain, ce qui mettrait fin au duel qui oppose Jean-François Copé et François Fillon ; d’autre part éclaircir sa relation au FN.
Une victoire pour le FN
Marine Le Pen est apparue sourire aux lèvres à la tribune d’Hénin-Beaumont ce dimanche soir. « C’est un énorme succès » a-t-elle déclaré.
L’avocat Gilbert Collard et sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, ont été élus dans le Gard et le Vaucluse. C’est la première fois depuis 1986 que des députés FN entrent de nouveau à l’Assemblée. A 22 ans, l’étudiante en droit Marion Maréchal-Le Pen sera la benjamine de l’hémicycle.
Quant à la patronne du FN, elle a obtenu 49,9% des voix dans son fief du Nord. Seules 114 voix la séparent du socialiste Philippe Kemel. « Je n’ai que des raisons de me réjouir, a-t-elle avancé. L’UMP paie ses contradictions idéologiques, le centre disparaît. »
Elle a annoncé qu’elle souhaitait réunir une grande force d’alternative aux socialistes. Il semble que sa stratégie de « dédiabolisation » du parti créé par son père ait fonctionné.
Ségolène Royal vaincue
L’ancienne compagne de François Hollande a perdu face à Olivier Falorni, candidat PS dissident. Elle a fait son discours avant 20h depuis La Rochelle. Pour l’ancienne candidate à la présidence de la République, « le candidat a été élu avec le soutien de l’UMP » ; c’est « une trahison politique », a-t-elle déclaré, avant de citer Victor Hugo : « toujours la trahison trahit le traître ».
C’est la première fois que la présidente de la région Poitou-Charentes perd cette élection législative depuis 1988. Cela met fin à ses ambitions de présider l’assemblée nationale.
François Bayrou hors-jeu
Le président du Modem a été battu dans le Béarn par Nathalie Chabanne, la candidate du PS. Il se trouvait pris dans une triangulaire défavorable à sa candidature impliquant Madame Chabanne et le candidat UMP Eric Saubatte.
Il paie là sa prise de position en faveur de François Hollande au deuxième tour de la présidentielle. Ce choix qualifié de « moral » contre Nicolas Sarkozy lui a fait perdre l’unique tribune dont le candidat à la présidentielle bénéficiait à l’Assemblée.
Cela pose la question de la survie du Modem créé en 2007, et plus largement, de cet hypercentre dont il s’est fait le défenseur depuis cinq ans, au risque de faire fuir ses troupes dans le Nouveau Centre de Hervé Morin, proche de la droite.
Cela interroge aussi sur l’avenir politique de ce professeur de lettres, auteur d’un pamphlet « Abus de Pouvoir » (Plon), particulièrement critique contre l’ère Sarkozy dès 2009. « Ce choix va m’entraîner à changer la forme de mon engagement, à prendre le recul qui s’impose. La politique a besoin de valeurs, » a-t-il déclaré dimanche soir dans un discours qui ouvre pour lui sa traversée du désert.
Sera-t-il intégré dans un gouvernement élargi ? C’est peu probable dans les mois qui viennent. Il pourrait être nommé commissaire européen.
Une abstention record
A 19h, l’abstention était estimée à 44,5% selon l’institut TNS-Sofres. Au premier tour, dimanche dernier, elle était de 42,77%, ce qui était déjà massif. L'abstention est une des clés de ce scrutin, qui au-delà des duels traditionnels, a donné lieu à 34 triangulaires, dont 28 comprenant des candidats frontistes. 36 députés ont été élus au premier tour contre 109 en 2007.
En 2012, l’abstention devrait donc être de 4 points supérieure à celle de 2007.
Ce record semble lié à une fatigue démocratique. En effet, les électeurs sympathisants de gauche ont été appelés à voter six fois depuis les primaires d’octobre. Quant au peuple de droite, il semble s’être démobilisé après la défaite de Nicolas Sarkozy.
Par ailleurs, le calendrier de cette élection ne semble pas très favorable à une ruée vers les urnes. Le passage au quinquennat en 2000 a placé les législatives quelques semaines après la présidentielle, ce qui les a transformées en "troisième et quatrième tour" et semble en avoir diminué l’intérêt pour les électeurs.
Quid du reste de la gauche ?
Toujours selon les projections des instituts, EELV obtiendrait 18 sièges, ce qui lui permettrait de constituer un groupe parlementaire (le minimum pour créer un groupe est 15 députés). Ce qui est une première sous la Vè république.
Le grand perdant est le front de gauche qui n’obtient que 13 sièges contre 19 sortants. Sauf à ce que la règle permettant de constituer un groupe soit modifiée (avec un seuil abaissé) dans les jours qui viennent.
Le PS, fort de son score, n’aura pas besoin de s’allier aux verts et aux communistes pour faire voter ses réformes.
Des destins personnels dans la tourmente
Jack Lang, François Bayrou, Ségolène Royal figurent parmi les grands perdants de cette élection. Si la présidente de Poitou-Charentes a déjà annoncé qu’elle souhaitait briguer la présidence du PS, le patron du Modem a salué la victoire de deux candidats de son parti avant d’annoncer vouloir prendre du recul.
Cette élection signe la défaite de sarkozystes historiques. Ainsi Nadine Morano a-t-elle été battue en Meurthe-et-Moselle. Son interview dans Minute ou encore le piège téléphonique de Gérald Dahan ont eu raison de cette « grande gueule » du sarkozysme. Claude Guéant, ancien secrétaire général de l’Elysée et ancien ministre de l’Intérieur, a été battu à Boulogne par Thierry Solère, dissident UMP.
Nathalie Koscisuko-Morizet s’en sort sur le fil. Porte-parole de Nicolas Sarkozy pendant la campagne, auteur du « Front antinational », elle a finalement sauvé son poste, et ce malgré l’appel du FN à voter pour le candidat PS, Olivier Thomas.
Evénements de campagne
Pendant la semaine d’entre-deux-tours, trois événements ont marqué la campagne. D’abord, l’affaire du « tweet » de Valérie Trierweiler, mardi. La compagne de François Hollande a envoyé un tweet d’encouragement à Olivier Falorni, candidat dissident du PS contre Ségolène Royal, ancienne compagne du président de la République et mère de ses quatre enfants. Ce tweet a provoqué la stupeur au parti socialiste et les railleries de la droite sur le mélange public-privé et « Dallas à l’Elysée ».
Ensuite, c’est Nadine Morano qui a provoqué des remous à droite en accordant une interview au journal d’extrême-droite Minute, dans laquelle elle affirme partager des valeurs de Marine Le Pen, et en se laissant piéger par l’imitateur Gerald Dahan qu’elle a pris au téléphone pour Louis Alliot, compagnon de Madame Le Pen et cadre du FN.
Enfin, la position de l’UMP face au FN est une première. Le parti de Jean-François Copé, approuvé par tous ses cadres dont François Fillon, a préconisé le « Ni-Ni » : ni Parti socialiste ni Front national. Donc, pas de front républicain contre le parti de Marine Le Pen, une position que l’UMP devra clarifier au moment du congrès de l’automne visant à désigner le nouveau président du parti.
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